Le trail est souvent présenté comme une discipline fun, un petit moment de liberté dans un monde parfois étriqué. Pourtant, l’esprit libertaire des débuts semble laisser place à une certaine forme de pensée réactionnaire. Le trail, ce vent nouveau qui jusqu’ici dépoussiérait la pratique de la course à pied aurait-il mal vieilli ?

Comme chaque année à la même période, il est de bon ton de taper sur l’Eco-Trail de Paris. Eco, Trail, Paris, trois mots anodins mais qui mis bout à bout suffisent pourtant à déclencher l’hilarité générale chez nos amis traileurs. A y regarder de plus près, il semble pourtant que l’épreuve francilienne réponde à une demande et qu’elle ait trouvé son public depuis maintenant quelques années.

Du trail à Paris, certains crient à l’hérésie du haut de leurs montagnes bretonnes. Au mieux une course nature, mais du trail, soyons sérieux ! Pourtant, ce sont souvent ces mêmes personnes qui s’insurgent contre le fait que d’autres essaient de formater leur sport, refusant au nom de la sacro-sainte liberté qu’on érige des codes pour encadrer la discipline. Surprenant, non ?

Dans ces conditions, il n’est pas idiot de s’interroger quelques instants sur cette schizophrénie ambiante. Pourquoi faudrait-il nécessairement poser une définition claire des choses ? Ne peut-on pas tout simplement accepter que chacun puisse avoir sa propre vision ? Malheureusement non, il faut trancher, s’opposer, prendre parti, mettre des barrières, de sorte que chacun puisse entrer dans une case, il en est ainsi !

Dans une moindre mesure, ce n’est pas sans rappeler les affrontements religieux qui s’imposent au monde depuis si longtemps. Il serait pourtant si simple de vivre ensemble et de s’accepter avec nos différences. Et si on commençait déjà par le sport ? Car il ne faut pas pousser, ce n’est pas ici en 5 minutes que nous allons répandre la paix dans le monde ! Mais revenons à nos moutons, avant qu’ils ne finissent au pied d’une falaise dans un moment de confusion collective.

Trail interdit au-delà du périphérique

Avant que le trail ne devienne une marque déposée par un collectif de vieux montagnards aigris, il serait peut-être intéressant de se souvenir que la nature ne s’arrête pas aux portes des agglomérations, et que l’environnement, qu’il soit naturel ou urbain est toujours un extraordinaire terrain de jeu pour celui qui sait ouvrir les yeux et en profiter pleinement.

La pratique du sport outdoor ne se limite heureusement pas à arpenter les montagnes ou autres terres sauvages d’une contrée lointaine, n’en déplaise à quelques puristes qui sous couvert de conserver les vertus juvéniles de leur discipline, s’attèlent à défendre une vision étriquée et réactionnaire d’un sport qu’ils ont parfois vu grandir trop vite, oubliant du même coup qu’il est pourtant empreint d’une grande liberté. C’est même là le fondement principal de toute pratique sportive en extérieur, et c’est peut-être ça aussi ce que l’on nomme communément l’esprit outdoor.