En voulant m’inscrire pour la prochaine édition du Marathon de Paris, j’ai eu la désagréable surprise de découvrir que le tarif du dossard atteignait cette année 170 euros. Un prix prohibitif qui a de quoi interroger les passionnés de course à pied. Comment justifier un tel montant ? Et surtout, ne sommes-nous pas en train de voir la course à pied, ce sport historiquement populaire, devenir une discipline de plus en plus élitiste ?

Le Marathon de Paris, un marathon « Majeur » à un prix exorbitant

Commençons par remettre les choses en perspective. Le Marathon de Paris est sans aucun doute l’un des plus emblématiques de l’Hexagone. Une organisation rodée, une ambiance parisienne magique, et un parcours qui fait rêver avec ses monuments emblématiques. Mais dans la hiérarchie mondiale des marathons, Paris reste un ton en-dessous des « Majors », ces marathons qui font partie des Six Grands (New York, Boston, Chicago, Berlin, Londres, Tokyo). Alors pourquoi un prix si élevé ? Est-ce une stratégie pour rejoindre cette élite, ou simplement le reflet d’une dérive commerciale de la course à pied ?

Pour comparer, l’inscription au Marathon de Berlin 2024 se situe entre 125 et 145 euros selon la période d’inscription, et pour Boston, véritable graal des marathoniens, les frais de participation s’élèvent à environ 205 dollars (environ 190 euros), mais pour une course mythique au prestige incomparable. Paris semble donc vouloir se positionner à ce niveau de tarification sans pour autant offrir la même aura.

Un historique des prix des dossards : Une hausse vertigineuse

La question du tarif est d’autant plus frappante lorsque l’on regarde l’évolution des prix ces dix dernières années. Replongeons-nous dans le passé pour comprendre cette escalade :

2015 : le tarif de base était de 80 euros. À cette époque, le Marathon de Paris apparaissait comme une opportunité pour de nombreux coureurs de vivre une grande aventure sans trop se ruiner.
2017 : une hausse notable avec un dossard passant à 99 euros pour les premiers inscrits. L’organisation justifiait alors cette augmentation par l’amélioration de l’expérience coureur, notamment des ravitaillements plus qualitatifs.
2019 : le seuil des 100 euros est franchi avec un dossard autour de 119 euros. L’argument du « coût de la sécurité » a été mis en avant, une donnée qui, à l’époque, semblait difficile à contester.
2022 : après la pandémie, la reprise du marathon est marquée par une nouvelle hausse. Le prix de départ monte à 139 euros, avec un système de tarification variable, favorisant les plus rapides à s’inscrire.
2025 : et voilà que nous atteignons aujourd’hui 170 euros, soit une augmentation de plus de 110 % en une décennie. Le prix devient un véritable frein pour bon nombre de passionnés.

Le marathon : Une épreuve élitiste ou populaire ?

Ce tarif soulève une question de fond sur l’accessibilité de la course à pied. À l’origine, le marathon était un défi personnel, un exploit que chacun pouvait tenter. Aujourd’hui, pour de nombreux coureurs, l’idée même de payer 170 euros pour courir 42,195 kilomètres dans la capitale semble déraisonnable.

La course à pied a toujours été considérée comme un sport populaire, accessible à tous, sans besoin de gros moyens financiers. Une paire de chaussures, un peu de temps libre, et voilà, l’aventure est à portée de tous. Mais avec une telle inflation des prix des dossards, une barrière économique est en train de se créer. On en vient à se demander si l’esprit originel du marathon n’est pas en train de s’effriter au profit d’une logique commerciale. Cette question n’est pas propre à Paris, d’ailleurs. Beaucoup de grandes courses connaissent cette dérive tarifaire, et cela ne fait qu’accentuer la fracture entre les marathoniens chevronnés qui peuvent se le permettre et les coureurs du dimanche qui se sentent exclus.

Où partent nos 170 euros ?

La justification de ce tarif reste floue. Certes, organiser un événement de cette ampleur dans une ville comme Paris a un coût. La sécurité, la logistique, la fermeture des routes, les équipes médicales, les ravitaillements… Tout cela pèse dans la balance. Mais 170 euros par participant, multiplié par les 50 000 coureurs potentiels, cela commence à faire une somme colossale. Beaucoup de coureurs s’interrogent alors : où va vraiment cet argent ? Est-ce que les coûts ont vraiment augmenté à ce point, ou est-ce que cette somme finance aussi les profits d’une organisation qui veut se positionner dans le haut de gamme ?

Revenir à l’essence de la course à pied

Au-delà de la polémique sur le tarif, il est essentiel de réfléchir à ce que nous voulons pour le futur du marathon. La course à pied doit-elle devenir une discipline élitiste, réservée à ceux qui peuvent se permettre de débourser des sommes importantes pour chaque inscription ? Ou doit-elle rester ce sport accessible qui nous pousse à nous dépasser, peu importe notre origine sociale ou nos moyens financiers ?

Le Marathon de Paris 2025 sera sans doute magnifique, mais à ce prix-là, il sera sans moi, et laissera sur le bord de la route un grand nombre de passionnés. Peut-être est-il temps de réinventer la course, de réfléchir à des événements plus inclusifs, où le plaisir de courir et de se dépasser prime sur les considérations financières. Car au final, n’est-ce pas cela, l’essence même du marathon ?